Je vous livre ici quelques images (et un peu de lecture) dont pour les deux premières voire les 3 premières on ne saura peut être pas si elles relèvent d'une Galle ou bien d'une Domatie ?
Si j'ai bien compris, la Galle est induite dans le végétal par un organisme extérieur qui y accompli une partie de son cycle biologique, alors que la Domatie est une structure creuse produite par
le végétal lui même et qui accueille souvent des occupants mutualistes (dans une relation à bénéfices réciproques donc).
Sur l'image ci dessus il pourrait s'agir d'une Domatie : épine creuse d'un acacia éthiopien et fourmis, le tout pris dans une relation mutualiste.
La question qui m'agitait au départ était relative à ces épines renflées d'acacias, photographiées en avril 2013 en Ethiopie : je les ai tout d'abord prises pour des Galles et en fouillant sur le
net je suis tombé sur une foultitude d'articles en référence à un cas célèbre de mutualisme fourmis/acacias ... et accessoirement à la notion de Domatie ...
Ce qui ne veut pas dire que les 1ères images ne sont pas des Galles ; la présence d'un orifice de sortie de la bestiole hébergée n’étant pas une preuve en faveur de l'un ou de l'autre hypothèse
...
Tout ceci pour vous inviter à lire une étude, malheureusement en anglais, plutôt célèbre semble-t-il :
"Les mutualismes sont des éléments clés de la biodiversité et du fonctionnement des écosystèmes, mais les forces qui les maintenaient sont mal comprises. Nous avons étudié les effets de la
suppression des grands mammifères sur un mutualisme fourmi-Acacia dans une savane africaine. Dix ans d'exclusion des grands herbivores ont réduit le nectar et le logement fourni par les plantes
aux fourmis, augmentant un comportement antagoniste par une fourmi mutualiste associée et ont décalé la dominance concurrentielle au sein de la communauté végétale -fourmi de ce mutualisme
"nectar dépendant" vers une espèce antagoniste [de fourmi] qui ne dépend pas des récompenses des plantes. Les arbres occupés par cet antagoniste ont souffert d'une augmentation d'attaque par des
coléoptères foreurs de tige, ont eu une croissance plus lente, et ont connu le double de mortalité par rapport à des arbres occupés par la fourmi mutualiste. Ces résultats montrent que les
grands mammifères maintiennent une coopération au sein d'une symbiose généralisée et suggèrent des effets en cascade complexe du à l'extinction de la mégafaune."
ainsi que la conclusion :
"Nos résultats indiquent que les grands herbivores typiques des savanes africaines ont favorisé l'évolution et la maintenance d'un mutualisme fourmiAcacia répandu et que leur extinction
expérimentalement simulée a rapidement fait pencher la balance loin du mutualisme et vers un ensemble de comportements antagonistes par les espèces en interaction. [un milieu] parcouru par de
grands herbivores induit une plus grande production de nectaire et domatia, récompenses par des arbres, et ces récompenses à leur tour, influencent à la fois le comportement d'une fourmi
symbiotique spécialisée mutualiste et le résultat de la concurrence entre cette mutualiste et un parasite plante-hôte non-obligatoire. Où les herbivores sont présents, l'aide des glucides fournis
par les arbres hôtes joue un rôle clé dans la domination du fort mutualiste C. mimosae, ce qui est cohérent avec l'hypothèse selon laquelle les exsudats des plantes entraine la dominance des
espèces de fourmis de la canopée qui sont utilisatrices spécialisées de ces ressources abondantes (28). En l'absence de grands herbivores, la réduction des récompenses hôte arbre fourmis
associées entraîne une rupture de ce mutualisme, qui a de fortes conséquences négatives pour la croissance et la survie de l'Acacia. La perte anthropique en cours des grands herbivores dans toute
l'Afrique (29, 30) peut donc avoir des conséquences fortes et inattendues pour les communautés plus larges dans lesquelles ces herbivores se produisent."
Ainsi, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la protection pendant 10 années d'acacias contre la pression de la grande faune africaine a entraîné un déplacement de la relation acacia -
fourmi mutualiste vers une autre espèce de fourmi, non mutualiste et alors globalement "une augmentation d'attaque par des coléoptères foreurs de tige, une croissance plus lente, et le double de
mortalité par rapport à des arbres occupés par la fourmi mutualiste."
Ainsi la protection contre la grande faune herbivore a conduit à la dégradation des surfaces d'acacias sensées être protégées des agresseurs majeurs ... un paradoxe donc ...
Je me demande si une étude réalisée sur la pression du bétail domestique (image ci dessous prise au même lieu que les possibles domaties ci-avant montrées) sur les formations à acacias aurait la
même conclusion ...
Plus de détails sur la Domatie chez l'acacia et leur relation avec les fourmis (wikipédia - Domatie) :
"Plusieurs Acacias ont des stipules transformées en épines enflées : ces domaties fournissent une température et un taux d'humidité idéalement
équilibrés pour convenir à certaines colonies de fourmis, en échange de quoi ces dernières défendent l'arbre contre des mammifères herbivores (girafe, éléphant) et les autres insectes
phytophages. Elles emportent parfois le corps découpé de ces phytophages dans les domaties, se constituant ainsi des compléments nutritifs ; elles peuvent aussi nourrir en retour
l'acacia-hôte : ce mutualisme de nutrition (appelé myrmecotrophie (en)) désigne l'aptitude des acacias à absorber les nutriments prélevés dans les déchets stockés par les fourmis dans les domaties. De même, les Acacias ont une croissance accélérée grâce au CO2 accumulé
dans les domaties8. À la base de
ces domaties, des trous ou des minces fenêtres de tissu à travers permettent aux fourmis d'aller et venir. Pour limiter l'apparition d'autres colonies, des espèces peuvent fabriquer ces trous à
leur taille exacte, déposer sur les domaties de lacire glissante, les camoufler chimiquement ou même les couper9.
Certaines espèces de fourmis pratiquant une castration mécanique de la fleur (destruction des pousses florales, ablation du bourgeon floral, etc.). La reproduction de l'Acacia ayant un coût énergétique, la suppression de sa reproduction lui permet de croître plus rapidement et de développer davantage
de domaties10.
Certaines fourmis patrouilleuses quittent leur hôte quand ce dernier, à cause de l’âge ou d’un investissement redirigé vers la reproduction, leur fournit
moins de nectar. La compétition pour les ressources alimentaires (notamment pour le nectar fourni par des nectaires extra-floraux) fait qu'une espèce de fourmis peut coexister avec d'autres ou être même remplacée (agression des colonies,
meilleure fécondité ou maturité précoce, etc)9.
Le même type de symbiose existe chez des Cola (la domatie est alors une feuille avec une cavité dans la base du limbe), Vitex (la domatie caulinaire est alors une tige creuse sur toute la longueur des entre-nœuds), Barteria fistulosa (en dessous du nœud ou à la base de certaines branches). Chez des Rubiaceae myrmécophytes d’Asie, certaines domaties possèdent des structures absorbantes internes afin de prélever les
déchets organiques entassés dans ces cavités par les fourmis11."