il s'agit pour débuter du compte-rendu journalier des observations naturalistes agrémentées de photos, réalisées lors d'un séjour en Espagne fin mai début juin 2005. il se développe depuis avec mes photos issues de Balades en Nature ou de Voyages.
Une de mes grandes satisfactions naturalistes de l'année 2010 a été l'observation en Espagne, à 3-4 reprises, du Lynx Pardelle ou Lynx ibérique.
Ce félin, plus petit que le Lynx d'Eurasie, a une répartition mondiale strictement cantonnée à l'Espagne et sa population est estimée à environ 250 individus dont 50 adultes mâtures ; ceci lui confère le (triste) statut d'espèce en danger de disparition.
Pour plus d'information, vous pouvez utilement consulter ce site internet.
Voici une femelle équipée d'un collier émetteur qui sert au radio-pistage effectué dans le cadre du programme européen de surveillance-réintroduction de ces populations. Il s'agit néanmoins bien d'un individu sauvage, en totale liberté :
Et voici sa principale (90 %), mais pas exclusive, proie : le Lapin de garenne dont les populations sont à l'origine, avant domestication et développement mondial, endémiques à l'Espagne.
Du coup, j'en profite pour vous montrer un autre endémique de l'Espagne, partageant la même spécialisation que le pardelle, l'Aigle ibérique ; en effet, celui-ci se nourrit essentiellement de ... Lapin de garenne !!
LE JOUR DES BRAVES !
Le réveil angoissé par un doute sur la qualité de la météo (voir les photos de la veille à l'aube), nous permet d'observer des étoiles : royal !
Le temps de partir et ... la nébulosité nous entoure rapidement sur la route, sa présence cruellement matérialisée par les phares du minibus ... le doute s'installe ! Ai-je bien fait de me lever
si tôt ... alors que l'autre groupe, majoritaire, dort encore ...
Le départ de la marche s'effectue avec un ciel relativement dégagé ; mais durant l'ascension, une course poursuite avec le brouillard qui monte du fond de la vallée nous racorni le moral :
celui-la s'élève plus vite que nous ne montons ...
Cette poursuite nous hante l'esprit jusqu'au col (et également, nous hante physiquement : la nappe nébuleuse nous noie même dans un des virages) ; col, point de passage obligé de notre
ascension.
A partir de là, nous continuons notre progression seuls. Ca va mieux !
Il fait froid.
Certains passages comportent de la gelée blanche, et de brusques changements de température, lors de traversées de dépressions de terrain, nous font croiser un air totalement gelé !
Une drôle d'ambiance nous entoure, dont nous n'avons pas réeellement conscience, car il faut tenir le rythme : l'aube fait plus qu'approcher !
Il y a des moments où je cours ... l'excitation !!! ... et pour suivre le train Del Jefe ... !
Arrivés au point d'observation prévu, situé à environ une demi heure plus loin de celui de la veille, nous constatons la présence de "lambeaux" de brume dans la vallée et sur les contreforts que nous comptions scruter.
Ca se lève petit à petit.
Le soleil commence sa course et la poursuit alors que nous n'observons toujours rien de particulier. Il commence à faire chaud : c'est relatif, mais on peut se découvrir un peu.
Une attente anxieuse s'installe. Il fait jour ... le levé du soleil est passé ... on a
toujours rien vu ...
Attente ... Pourtant cette fois nous quadrillons le terrain, chacun ayant un vallon et son amorce en haute montagne, à surveiller ... J'alterne observations à la lunette puis à la jumelle pour ne
pas déconnecter du terrain.
Soudain Michel braille "j'ai un truc ... etc". On sent à son propos que c'est inhabituel (pas un Cerf, ni autre chose) sans que l'on ait de certitude sur ce qu'il voit : manifestement il veut
rester prudent ! Tout le monde cherche une aiguille dans une meule de foin de montagne.
Puis El Jefe bondit "C'en est un !", et se met à règler nos lunettes pour nous permettre d'observer à notre tour cet animal en mouvement, insaisissable !
Michel (alias : Migouël !) indique qu'il suit un Cerf suivi par ... La tension monte !
Je repère le Cerf qui traverse une pelouse en trottinant bon train, puis le Loup qui le suit, lui aussi trottinant à quelques distances, tout ça en face de nous, de l'autre côté de la vallée
principale.
C'est du délire : un Loup tout seul poursuit un Cerf ! Nom de dieu ! Là-bas, en face de nous !! ... Putain !
Je ne lâcherai pas le petit bout de ma lorgnette pour installer le matériel photographique tellement ces instants sont précieux ... et malgré quelques demandes de Michel !
Bientôt, le Cerf se trouve au bord d'un versant abrupt situé en haut, à l'amorce de ce
vallon et s'arrête, se retournant pour guetter son prédateur.
Le loup s'arrête à son tour, respectant une certaine distance ... et disparait à notre vue, dans les fourrés.
Le cerf (sa tête émergeant de la végétation) reste visible pendant un moment, se retournant souvent face à l'invisible ...
Un peu plus tard, 2 autres loups en tandem, émergeant de nul part, arrivent vers l'emplacement où le 1er a disparu !
Sur ces entrefaits le cerf s'est évaporé.
Nous assistons alors à des scènes de rapports sociaux entre ces loups (remuent la queue, léchage, ...).
C'est le comble du bonheur pour un observateur !
Un autre loup rejoind plus tard le même site !
En tout, lors de cette matinée, 4 (ou 3) loups sûrs et 7 loups vus en tout ...
Pas d'ours ! dommage ! (tss tss tss : en veulent toujours plus ces consommateurs !)
Egalement : 2 lièvres "ibériques" jouent, à même pas 20m de nous, et 2 perdrix rouges levées lors de la redescente.
Aïe aïe aïe ! Quelle matinée !
Lors de cette redescente, on se fait quelques films sur la manière d'annoncer cette
merveille de bonheur d'observation à l'autre groupe, tout en espérant qu'ils aient également vu quelque chose ... Et pourquoi pas ?!
En bas, lorsque nous passons au pied de leur poste d'observation, un hurlement de loup nous accueille : c'est plutôt bon signe pour eux (aaahh ces suisses !) !
Le groupe se reforme et les récits vont bon train ; vous connaissez le nôtre, voici le leur, en très succinct :
1 loup poursuivant un chevreuil, stéphane observant le loup en tête à tête, pendant quelques secondes ... à 20m de distance !
1 aigle royal posé !
1 chat sauvage !
Quelle matinée !! Quelles récompenses !! Quelle joie !!
" Motivé, motivé, ...
Il faut rester motivé ! "
... l'exaltation des récits individuels s'entrecroise et s'entremèle au silence de la joie, tandis que nous regagnons le minibus et la voiture balais.
Restauration, sieste écourtée et départ à 17h00 à la recherche du Tichodrome échelette :
Le plafond est très bas.
Lors de la séance "ticho ticho par ci, ticho ticho par là" nous serons trop rapidement dans les nuages ... C'est-à-dire sans visibilité aucune sur les falaises nous entourant.
Néanmoins,
le Tichodrome échelette se fait entendre (chant) à plusieurs reprises mais ne sera jamais vu, nuages obligent !
2 perdrix rouges vaquent à leurs occupations à 10/15 m à peine des plus proches d'entre nous ; l'effet " Ici, absence de chasseurs ! " a encore frappé !!
chocards
craves à bec rouge
C'EST - DE - LA - BAL' - CE - VO - YA - GE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
EPILOGUE :
Le lendemain matin, 05 juin 2005, tout le groupe est retourné au plus proche
des sites d'observation de la veille, dans l'espoir de voir à nouveau ...
chats sauvages ... loups ... ou de découvrir ... l'ours ... pourquoi pas !?!
Des cerfs et des isards furent observés ... et c'est tout !
Départ vers Biarritz : c'est la fin du voyage !
S ... U ... P ... E ... R ... B ... E ... !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Au programme 2h15 de marche d'ascension pour notre objectif de la matinée ... Ours, Loup ... êtes-vous là ?
Heureusement qu'avec la fin du voyage, le contenu et les horaires s'allègent ... ;-)
Après la relative déception de ne pas avoir rencontré le loup en Sierra de Gredos alors que tous les oiseaux prévus au programme ont été vus et bien vus, la volonté de combler nos derniers jours
de présence en Espagne nous tire quand même du lit le matin, même si c'est de plus en plus dur et de plus en plus tôt !
Yuhina a le sens du crescendo !
La motivation guide nos pas et nous maintient sur le Qui Vive, tous nos sens alertes ! Ayons foi ! Et baillons en coeur ...
psst ... non non, nous ne sommes pas une secte d'admirateurs décérébrés de la Nature ... juste des passionnés se faisant plaisir !
Chouette ! On va rien voir !!
Une demi heure plus tard ...
Notre objectif est enfin sans nuages !!
Le soleil tangeante le crête ...
Les observations suivantes sont réalisées au cours de cette matinée :
aigle royal
cerfs
nombreux isards
traces d'ours toutes fraîches
traces de loup pas très vieilles ...
traces de cerfs
traces d'isards
traces de mustélidés
bruant ortolan chanteur
caille des blés chanteuse
Pas d'observations déterminantes donc ... ça sent la fin de séjour avec les forces qui nous abandonnent.
L'excitation devrait maintenant être totalement intacte si ce n'était la fatigue générale ... Car ces nouveaux indices de présence de la grande faune nous confirment qu'elle est bien
présente dans les lieux que nous oscultons ces derniers jours, et qu'il suffit maintenant de bénéficier d'un peu de chance pour obtenir ces observations tant désirées et qui semblent pourtant
inaccessibles.
Redescente, restauration, vino tinto et ... sieste !
Le temps et la fatigue ne s'y prêtent pas. En chemin, paisiblement parcouru à l'abri de nos transports en commun :
5 renardeaux et un adulte les nourrissant d'une taupe fraîchement "cueillie" ; ils jouent avec la taupe ou entre eux.
un village "écomusée" reconstitué
une pensée sauvage
un percnoptère
Le soir, une prise de décision individuelle et collective s'impose : demain c'est le dernier jour pour faire une performance inoubliable !
La question est ainsi posée par El Jefe : qui veut retenter l'ascension pour atteindre à nouveau notre poste d'observation le plus prometteur, celui de ce matin ... mais avec un départ plus tôt
afin d'être vraiment là, à pied d'oeuvre, dès l'aube ... L'autre groupe (ou le seul si le 1er ne compte pas assez de membres) retournera au site de la veille au soir, où l'année dernière lors du
même séjour, les participants ont eu la chance d'observer le chat sauvage !
Un frisson d'angoisse parcourt l'assemblée ... 3 inconscients se déclarent volontaires pour suivre El Jefe pour une nuit très écourtée et une ascension dans la nuit noire vers l'espoir ... Dans
un sursaut d'énergie (vive le vino tinto !) je me joins à l'équipage halluciné par la fatigue !
Bonne et courte nuit !