Frénésie copulatoire chez Pyrrhidium sanguineum
Profitant d'un beau soleil de fin d'après midi, une sortie photographique orientée entomologie m'a permis en ce dimanche 04 mai 2014, d'observer pour la première fois une frénésie copulatoire chez Pyrrhidium sanguineum.
Le jardin de Loire Atlantique que j'arpente ponctuellement au gré de quelques vacances depuis 10 ans maintenant, m'a déjà permis d'observer cette espèce et de la photographier à quelques reprises. Autant dire que ces recontres entomologiques épisodiques caractérisent parfaitement mon approche de ce lieu, très fragmentée dans le temps, dans les saisons. Quant aux observations de P. Sanguineum, à chaque fois ce furent des observations unitaires, avec en tout, de mémoire, 3-4 individus d'observés.
Aujourd'hui il en fut tout autrement.
Arpentant lentement la lisière Sud du petit bois qui protège le jardin des vents froids de Nord est, je scrutais le feuillage du lierre et les jeunes pousses de chêne à la recherche d'insectes prenant un bain de soleil ou fréquentant plus simplement les parages pour nécessités vitales (chasse, reproduction, etc.).
Un syrphe, Helophilus pendulus, puis deux ichneumons inconnus retenaient mon attention quand, entre deux tiges de lierre jeune m'apparu un individu de Pyrrhidium sanguineum avançant à bon pas. Occupé à tenter de le photographier je ne remarquais pas tout de suite d'autres individus présents sur le même tronc de chêne en feuilles. Bientôt mon regard capta en coin, par dessus le viseur de mon appareil photo d'autres silhouettes rouges mouvantes, P. Sanguineum.
Même si on est bien à se dorer la pilule au soleil, l'envol d'un congénère réveille les ardeurs ; on s'agite ... et fini par s'envoler à sa suite !
Dix exemplaires au moins, descendaient ou montaient le long du tronc, dont des scènes frénétiques de course poursuite pré copulatoire, des copulations, des fuites, des envols que ce chaud soleil de début mai semblait exacerber.
Relevant la tête de ce tronc je portais mon regard sur le fût suivant et découvris de nouveau une dizaine d'individus de ce beau coléoptère rouge sang. J'imagine que cette abondance se produit plus ou moins chaque année selon les conditions (favorables ou non) qui ont présidées, la saison précédente, à la reproduction ainsi qu'au développement des larves. Mais c'est la première fois que je l'observe.
La seconde idée qui m'est venue fut de déterminer le sexe des individus rencontrés. J'imaginais pouvoir le faire en fonction de la taille des individus croisés. Et, effectivement, mon regard se portait alors sur un petit mâle courant puis chevauchant une grande femelle, en tentant de toucher l'écorce du bout des tarses afin de suivre le pas rapide et obstiné de la femelle. Par la suite je vis un gros individu qui poursuivait un petit ; je pensais alors “Que les femelles de P. Sanguineum sont hardies !”, mais fini par me rendre à l'évidence : un gros mâle couvrait une petite femelle … Ce qui me laisse à penser que le critère de la taille n'est pas un bon critère pour différencier les sexes.
Quand on atterri sur une feuille de chêne toute nouvelle ... on patine ! L'écorce est plus facile à arpenter à la recherche de partenaires !
Cette belle observation me rappelle une explosion de vie similaire en 2006 ou 2008, en ce même lieu, concernant le Clytre bélier cette fois. Plusieurs individus couraient sur un tas aligné de bûches de chêne entreposées là depuis deux à trois ans, à l'orée du bois, un peu en retrait de la lisière. Cette année je n'en n'ai vu qu'un seul.
Rentrant à la maison, un Vulcain se posa sur mon coeur. Je restais quelques instants immobiles songeant qu'il m'était impossible de le photographier et observant simplement la lumière jouer sur les écailles vermillons oranges de l'aile. Une parenthèse.